OpenData, le libre à n'importe quel prix.

Publié par Hamelin de Guettelet le mardi 2 octobre 2012.

Je viens de prendre connaissance d'un document fort intéressant Recommandations pour l'ouverture des données et des contenus culturels émanant d'un groupe de travail Open GLAM de quatre personnes qui ont planché pendant un mois pour faire des propositions au ministre de la culture Aurélie Filippétti.

En résumé : voilà des dispositions à prendre (même de façon rétroactive) pour que vous nous donniez le droit de reproduire toutes les œuvres réputées publiques et asseyez vous, au passage, sur les bénéfices directs et indirects que vous en tirez actuellement.

Ce sont deux conceptions du service public qui s'affrontent :
  • d'un coté, l'état, par l’intermédiaire de ses différentes institutions culturelles, met à disposition du public, français comme étranger, un patrimoine qui coûte fort cher à la constitution et à l'entretien, au prix de droits minimes et de beaucoup d'impôts, mais aussi, ce qui est discutable, d'appropriation ou de réappropriation de droits dérivés ;
  • de l'autre, un état d'esprit qui voudrait que tout, partout, soit gratuit, d'accès et d'utilisation, à commencer par ce qui est biens culturels au mépris de droits de conservation et de diffusion.
Comment arbitrer entre ces deux points de vue ? Ce document Open GLAM se voudrait une réponse, yakafokon !

D'abord, il existe déjà une proposition qui fait parfaitement le tour de la question Partager notre patrimoine culturel et qui mériterait d'être plus et mieux pris en compte et dans lequel nous pouvons lire dès sa deuxième recommandation « Lever les obstacles à la présence de données françaises sur les sites collaboratifs » :
« L'internet a changé d’aspect du fait du développement d'une multitude de sites personnels ainsi que d'une nouvelle génération de plateformes et de services dits “communautaires” dont certains sont devenus de puissants acteurs industriels internationaux. Ainsi, les sites Wikipédia du monde accueillent au total 240 millions de visiteurs par mois et le site wikipédia.fr accueille 10 millions de visiteurs par mois. Les notices de ces sites portant sur des sujets liés à la France sont actuellement illustrées par des photographies d'amateurs ou appartenant à des collections étrangères. »

Cette proposition de partage de 25 recommandations est-elle si limitative, si contraignante, qu'il failles en plus du beurre (reproduction sous licence), l'argent du beurre (une utilisation commerciale libre) et le sourire de la crémière (une reproduction non à l'identique) ?

Cette proposition qui a déjà du mal à être reconnue comme acceptable par les milieux culturels, faut-il en demander encore plus ? Faut-il demander entre autre (page 2 - Propositions du rapport) :
  • La reconnaissance d’un accès systématique et gratuit aux œuvres du domaine public numérisées, y compris en cas d’usage commercial ;
  • l’usage privilégié de licences ayant une clause de « partage à l'identique » (SA – Share Alike) en parallèle ou à la place de toute clause interdisant la réutilisation commerciale afin d’assurer une diffusion et une réutilisation optimales.

Ni aurait-il qu'une seule et unique licence acceptable, celle de Wikimedia Commons ? Ni a-t-il qu'un coût acceptable, la gratuité, même pour des réutilisations commerciales ?

En fait, je ne comprends pas le but de ce texte OpenData : présenter ses auteurs comme des interlocuteurs crédibles ; chercher à être invité à la table des grands ; demander plus (OpenData) pour obtenir moins (Partager notre patrimoine culturel) ; que sais-je encore ? J'ai beaucoup de mal à lire ce document OpenData sans voir chaque fois des réponses négatives données par avance dans les 25 recommandations du groupe de travail qui a œuvré en 2009 pour imaginer comment partager notre patrimoine culturel.

Il faut raison gardée, ainsi irait mieux Wikipédia.